De la Roumanie, je ne connaissais en vérité que peu de choses. Passé les lieux communs, je ne me souvenais que d’une révolution vécue en direct par le flux nouveau d’une information sans distance avec pour symboles des drapeaux troués et un dictateur froidement exécuté à l’issue d’un procès grand-guignolesque.

C’est presque par hasard que je débarque à Bucarest en septembre 2011.

Mais après avoir vécu la torpeur d’un été caniculaire, me plonger dans les frimas de l’hiver ne fut pas chose aisée. Je venais d’arriver une nuit de janvier, embarquant dans un taxi qui fonçait dans des rues verglacées, les trottoirs rendus impraticables par un compact amas neigeux. Fini les interminables terrasses festives de Lipscani. Bucarest s’était refermée sur elle même. 

Le vent sibérien glaçait les âmes, lesquelles ne se réchauffaient que dans le doux cocon des bars enfumés. A travers les rues enneigées, j’entrepris alors des errances nocturnes, pourchassant les silhouettes fugitives et alors que les flocons reflètaient la pâle lueur des réverbères, cette atmosphère glacée me conduisit vers un rêve éthéré. 

J’ai tenté d'en saisir les images.

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